Des légumes salins en cale sèche

Une réponse à la pénurie des terres

Entreprise

Zilt en Zoet

Produit

Légumes et herbes

Adresse

Stormkop – Dok 4
Droogdokkenweg 4
2030 Antwerpen

Julie Van Overmeiren (a.g.) et Lena Daems (a.d.) s'occupent le jardin salin de l'Escaut.

« Je suis directement tombée amoureuse de cette gigantesque écluse par laquelle s’infiltre doucement l’eau du dock situé derrière », raconte Julie avec enthousiasme. « J’ai vu pousser ici de magnifiques algues Ulva intestinalis, communément appelées “algues intestinales”, et j’ai suggéré en riant au patron de Stormkop d’y installer une plantation d’algues. Mais il a aussitôt été séduit par l’idée.

Julie Van Overmeiren (37) cultive des légumes salins inhabituels dans un dock asséché au bord de l’Escaut. Ensemble, ils forment un jardin de démonstration pour les curieux qui veulent en savoir plus sur ces légumes inconnus et, peut-être, les cultiver un jour eux-mêmes.

« Avec notre “Scheldetuin”, nous voulons intégrer dans la ville la zone naturelle de l’estuaire de l’Escaut, et provoquer ainsi une rencontre entre l’eau salée et l’eau douce. »

À présent, je m’occupe de ce jardin salin de l’Escaut aux côtés de Lena Daems. Grâce à l’apport de l’Escaut, l’eau du dock est salée. En fait, nous vivons dans une magnifique réserve naturelle de l’estuaire de l’Escaut. Avec notre “Scheldetuin”, nous voulons intégrer cette zone dans la ville, et provoquer ainsi une rencontre entre l’eau salée et l’eau douce. »

« Ce dock était encore opérationnel jusqu’en 2018. Les écluses s’ouvraient pour laisser entrer un navire et le dock était vidé pour permettre la réparation du bateau en cale sèche. Les traces de peinture sont toujours visibles. Grâce à sa profondeur et à sa forme étroite, il règne ici un microclimat où l’air est plus chaud et plus humide. La brume de l’eau du dock humidifie les plantes, mais je me sers aussi de cette eau pour les arroser », explique Julie.

« La brume de l’eau du dock humidifie les plantes, mais je les arrose également avec cette eau »

« Non seulement l’eau salée profite aux plantes salines, mais son effet sur les tomates et les fraises est particulier également. Les plantes ne supportent pas bien l’eau salée et sont donc stressées. Du coup, elles produisent beaucoup plus de sucres, et vous obtenez des fruits plus petits mais plus savoureux. Les plantes salines qui sont souvent recouvertes par la mer, comme l’arroche, l’épinard de mer et la salicorne, je les installe dans le bas, tout comme la serre qui a besoin de chaleur, tandis que les plantes de rocaille et dunaires, comme le fenouil de mer et l’argousier, sont cultivées au haut des escaliers. »

En bas se trouvent également de grands bacs contenant les feuilles géantes de choux vert pourpre. « Du chou marin », explique Julie. « C’est l’ancêtre de tous les choux, même du brocoli. Jusqu’en juin 2021, j’ai livré des produits de ce jardin salé de l’Escaut à des restaurants tels que The Jane. Incroyable ce que Nick Bril parvient à faire avec le chou marin ! Malheureusement, la pollution historique sur ce site industriel est trop importante et je ne suis plus autorisée à vendre les légumes à des fins de consommation. Désormais, ce lieu est purement un jardin de démonstration. »

Outre ce “Zilte Scheldetuin”, Julie possède également un champ à Melsele, où elle cultive des légumes (salins), des herbes (médicinales) et des fleurs comestibles.

« Je mise sur la diversité des sols en me basant sur deux exemples : le “No Dig Market Gardening” et la permaculture de la Ferme du Bec Hellouin. Je travaille avec une couche de compost de 20 centimètres dans laquelle je sème toutes les plantes et tous les légumes. Cette approche me permet de laisser le sol tranquille et je n’ai pratiquement pas de mauvaises herbes. La diversité de ce que je sème est importante également. J’aime travailler avec des espèces de légumes et de vivaces inconnues. Ces dernières possèdent des racines plus longues qui pénètrent plus profondément dans le sol pour trouver de la nourriture », explique Julie.

« La monoculture et l’approche agricole du 20e siècle ont conduit à une très nette réduction du matériel génétique. Par exemple, on ne trouve plus que quatre variétés de brocoli, alors qu’il en existe tant d’autres. Mes variétés inconnues sont peut-être plus petites et de taille variable, mais elles sont beaucoup plus résistantes et plus savoureuses. »

« Il est important de sensibiliser les consommateurs à ce problème et d’encourager les agriculteurs à cultiver d’autres produits, comme les légumes salins », insiste Julie. « La plupart des gens pensent que cela n’est possible qu’à la mer, mais ils ont tort, manifestement. (Elle rit) En raison du changement climatique, notre sol devient salin. Souvent, le sol est alors arrosé d’eau douce. Mais c’est tout à fait inutile si vous choisissez les cultures adéquates. »

« Nous sommes une coopérative agricole, où les gens peuvent acheter une part de la récolte. Nous invitons également tout le monde à venir donner un coup de main », précise Julie. Il est frappant de constater à quel point ce travail fait du bien aux personnes souffrant de dépression ou de burnout. Certains volontaires viennent même trois fois par semaine. Cet aspect social me touche beaucoup. Je pourrais travailler plus vite si je ne devais pas donner toutes les explications à chaque fois, mais cela me donnerait moins de satisfaction. »

« J’ai ce côté pédagogique en moi », avoue Julie. « J’ai étudié les sciences de l’environnement et j’ai travaillé pendant dix ans comme éducatrice pour une ONG. Après avoir suivi une formation en agriculture bio, je savais que je ne pourrais plus jamais travailler dans un bureau. Rester dehors jusqu’aux dernières heures du soleil, surtout en été, c’est formidable. J’entretiens constamment des contacts sociaux dans le champ, et aussi à Anvers où j’habite. Mais je rêve d’un jour d’habiter dans ma ferme et de vivre en parfaite autarcie. »

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