Un granola différent
Bugs au petit-déjeuner
Si tout le monde s’accorde à en louer la richesse nutritionnelle, il est évident que le business model stable et durable se cherche encore. Le duo frère-sœur l’aurait-il trouvé ? Il n’est pas interdit de le croire quand on sait que trois ans plus tard, la marque fait valoir un partenariat avec le groupe Culruyt, que deux autres barres ont été lancées en 2019, qu’un granola vient de voir le jour et que l’équipe est désormais constituée de quatre temps pleins.
Michiel (34 ans) et Anneleen Van Meervenne (31 ans) lancent leur première barre énergétique en 2018. Comme son nom l’indique, la marque Kriket a choisi de miser sur une alternative protéinée dont on parle depuis longtemps : les insectes, en l’occurrence les grillons.
« Le but était d’avoir une recette de granola équilibrée »
C’est en exerçant le métier de journaliste sur les questions alimentaires que Michiel Van Meervenne prend la mesure de l’urgence qu’il y a à trouver de nouveaux schémas soutenables dans le temps. Un reportage qui porte sur un élevage de grillons, aujourd’hui disparu, implanté à Bruxelles, le marque tout particulièrement. « Cela m’a fasciné mais j’ai tout de suite compris que le circuit économique n’était pas encore développé. Cette structure devait assurer l’élevage en même temps que la commercialisation et la mise au point des produits, ce qui fait beaucoup », explique le jeune entrepreneur.
Michiel Van Meervenne comprend d’emblée la nécessité de scinder les deux pôles, l’élevage d’un côté, la commercialisation de produits de l’autre. Avec sa sœur, l’intéressé décide de se pencher sérieusement sur les criquets pour en explorer le potentiel culinaire. « Il fallait un produit accessible à tout le monde, très peu cher et qui parle aux jeunes qui sont les consommateurs de demain. Pour se faciliter la tâche, on s’est dit qu’il fallait que l’on parte de la farine et pas du grillon entier », poursuit Michiel.
« Il nous fallait un produit pour nous imposer dans davantage de routines alimentaires »
Après avoir élaboré des prototypes, le tandem se met en quête d’un producteur. La perle rare est dénichée près de Gand. « C’est à Deinze que notre sous-traitant réalise les barres à partir de la farine, les insectes arrivent quant à eux des Pays-Bas où ils sont élevés », résume le trentenaire.
Après quatre années de présence sur le marché, l’équipe de Kriket remarque un changement dans les mentalités. Signe d’une certaine évolution du marché, de plus en plus de consommateurs demandent à voir les grillons en entier, raison pour laquelle la marque en commercialise trois versions différentes (“Tempting Taco”, “Glorious Garlic” et “Punchy Paprika”).
« Le problème de la barre énergétique est qu’elle n’est pas intégrée dans le quotidien de tout le monde, il nous fallait un autre produit pour s’imposer dans davantage de routines alimentaires. Il faut sortir de l’impasse d’une consommation exceptionnelle », poursuit Michiel.
Signe d’une communauté forte autour des produits, ce sont les consommateurs eux-mêmes qui suggèrent l’idée d’un granola.
Plutôt que de passer par un sous-traitant, l’équipe de Kriket décide de réaliser elle-même le granola, profitant d’un atelier de l’enseigne Cru rendu disponible grâce à sa collaboration avec Colruyt (le groupe est actionnaire minoritaire). Une donne qui pourrait changer en fonction des volumes écoulés.
Les ingrédients du granola ? « Nous voulions travailler sur le nutri-score, avoir une recette équilibrée. L’ingrédient principal est de l’avoine biologique (50 %) mais il y a aussi du sirop d’agave, du sirop d’érable, de l’huile de tournesol, des graines de lin… Nous avons imaginé trois saveurs différentes en phase avec les barres énergétiques. » Quid des grillons ? Ils sont présents à raison de 5 %, un quota qu’il n’était pas possible de dépasser dans la mesure où il n’existe pas encore d’élevage certifié bio.
