Des bières classiques avec un twist
L’union fait la mousse
Soit, une “très très petite brasserie” dont la première production officielle est datée du 1er mai 2015. L’ambition ? Humble, elle aussi : « Faire une bière bruxelloise de qualité à l’intention d’un marché local ».
Samuel Languy (31 ans) et Denys Van Elewyck (31 ans) se connaissent depuis qu’ils ont 12 ans. Après deux années de brassins “en stoemlings” – comprendre en cachette, une expression bruxelloise dont ils feront un emblème – le duo décide de s’exposer au grand jour en s’installant dans les Marolles. Les débuts sont modestes.
« Faire une pils a été pour nous l’aboutissement d’un rêve »
En 2017, ils passent à la vitesse supérieure en achetant du matériel neuf et en s’installant dans le cadre de Greenbizz, un incubateur pour projets durables. Ces nouvelles casseroles ne modifient en rien la ligne qu’ils se sont fixée. « Nous sommes de jeunes conservateurs », confesse Samuel Languy en riant. « Quand nous avons commencé, la mode était aux IPA. Tout le monde nous incitait à en faire une. À l’opposé de cet engouement, nous avons sorti une triple. On aime les bases de la bière belge, notre approche est traditionnelle avec un twist. »
« Nous sommes de jeunes conservateurs »
En Stoemelings se plaît-il à faire les choses à l’envers ? Il n’est pas illégitime de le penser dans la mesure où la brasserie a sorti en 2021 cette fameuse IPA, la Jawa, que tout le monde attendait.
Une naissance pile au moment où… le genre commence à perdre en popularité. « Peu importe les tendances, nous mettons un point d’honneur à ce que nos bières soient accessibles. Le test ultime, c’est qu’elles puissent plaire autant à mon bon-papa qu’à un jeune de 18 ans », renchérit Denys Van Elewyck.
Longtemps, c’étaient les bouteilles de 75 cl qui constituaient la signature de la brasserie. Désormais, En Stoemelings se concentre sur des flacons de 33 cl dont les belles étiquettes sont signées par le studio graphique Stoemp. Mention également pour le verre ad hoc, rehaussé d’un liséré doré qui convoque un classicisme populaire de grande justesse.
Un axe important de la brasserie est la passion pour Bruxelles. « On ne peut pas s’appeler “En Stoemlings” et ne pas s’intéresser à ce qui se passe dans capitale », analyse Samuel Languy. « Il s’agit moins d’une connaissance du folklore que d’un véritable attachement à cette ville. Nous jouons beaucoup avec les codes locaux, même si les allusions ne sont pas toujours évidentes pour tout le monde. Par exemple, les couleurs de notre “Papy Vandepils” sont les mêmes que celles de la Wiels, une bière bruxelloise légendaire. »
Côté gamme, c’est avec la “Curieuse Neus”, une emblématique triple de soif, titrant seulement 7 % de volume d’alcool, que tout a commencé. « Il s’agit d’une Westmalle plus facile à boire », résume Samuel. À côté de celle-ci figurent les références fixes de l’assortiment, présentées ici dans l’ordre chronologique : “Hoppy Madame”, une blanche extra houblonnée ; “Vogelpik”, une bière de grande buvabilité, à mi-chemin entre une blonde et une blanche ; “Noirolles”, un porter aux notes de cacao et de fruits.
Par la suite se sont ajoutées des références imaginées dans la nouvelle brasserie de Laeken, à savoir “Tanteke”, une saison brassée avec de la verveine, créée initialement pour les 400 ans du Mont-de-piété ; la “Papy Vandepils”, une pils avec une amertume soignée ; ainsi que la “Chike Mademoiselle”, une blanche avec une base maltée enrichie d’une note de jasmin. On notera que ce flacon est réalisé pour le Cabaret Mademoiselle, une adresse consacrée à la transidentité.
« Faire une pils a été pour nous l’aboutissement d’un rêve. Nous voulions redonner ses lettres de noblesse à cette bière qui représente un réel progrès technologique. Le défi était d’arriver à cette perfection sans se laisser aller sur le sucre ni perdre en buvabilité… Il est très compliqué d’arriver à un résultat équilibré qui a du goût tout en restant sous les 5 % d’alcool », commente Denys Van Elewyck.