Sauces froides végétales
Par la force des sauces
Las Vegan
Sauces froides véganes
Ses études d’économie l’amènent chez le géant de la finance Deloitte, où il se consacre aux fusions et acquisitions. « Un jour, j’ai réalisé que je ne voulais pas faire ce métier toute ma vie », se souvient-il. Il quitte son job et commence à écumer les salons d’alimentation. « Je me sentais comme Charlie dans la chocolaterie ! En découvrant tous ces entrepreneurs passionnés, leurs nouveaux produits, leurs nouvelles saveurs, j’ai eu envie de faire comme eux. »
Conquérir toutes les friteries de Belgique avec ses sauces véganes : c’est l’ambition du jeune entrepreneur ouest-flamand Mathieu Baert, à qui sa fréquentation assidue des baraques à frites au cours de ses études a valu le surnom de Bicky, du nom du hamburger emblématique. Son avenir se dessinait pourtant davantage dans le monde de la finance que dans celui de l’alimentaire.
« Sans être moi-même végétalien, l’approche végane me semblait un choix logique et tourné vers l’avenir »
Peu après, il fait la connaissance d’Yves Vleminckx, ancien fabricant de sauces qui possède un laboratoire d’innovation alimentaire. « Il est devenu mon mentor. L’idée de Las Vegan est née de la rencontre de son expertise du secteur et de ma passion pour la culture de la frite. C’est lui qui m’a conseillé de m’orienter vers des produits entièrement végétaux. Sans être moi-même végétalien, cela me semblait un choix logique et tourné vers l’avenir. Pour éviter une image trop alternative, j’ai toutefois tablé sur des visuels modernes. » Les sauces ont été développées au laboratoire en collaboration avec des amis cuisiniers.
« En sus de six classiques, dont la tartare, la cocktail et la mayonnaise, nous proposons six saveurs inédites, comme un mariage d’oignon doux et de poivre rose ou une sauce épicée avec des notes grillées. »
« Je veux conserver un ancrage local : je trouve regrettable que tant d’entreprises belges soient rachetées par des investisseurs étrangers »
Depuis le lancement de Las Vegan début 2022, la gamme – proposée en pochettes refermables – a déjà conquis une trentaine de friteries. « Nous avons lancé aussi une boutique en ligne pour répondre aux nombreuses demandes de particuliers », précise Mathieu. « Nous avons fait le choix de pochettes individuelles pour convaincre les frituristes, qui ne risquent pas de se retrouver avec tout un seau périmé si la demande ne suit pas.
Et comme l’emballage se referme, les clients peuvent utiliser les éventuels restes à la maison. » Les emballages sont recyclables, mais Mathieu entend aller plus loin, et le plus rapidement possible : « Je veux évoluer vers des emballages entièrement biodégradables », affirme-t-il. « Malheureusement, la technologie n’est pas encore assez avancée pour cela : à cause de la pandémie, l’innovation dans ce segment est au point mort, mais je surveille de près le marché afin de pouvoir passer rapidement à la vitesse supérieure. »
« Je veux grandir lentement », poursuit-il. « Pour la production, je travaille actuellement avec une entreprise brugeoise de travail adapté – un aspect social qui me tient à cœur. Ces entreprises créent des conditions favorables pour les starters : elles offrent une infrastructure que je ne pourrais pas financer moi-même. C’est donc une situation gagnant-gagnant sur tous les plans.
Je n’ai pas l’intention d’ouvrir une usine du jour au lendemain : je veux avancer pas à pas et, surtout, conserver un ancrage local : je trouve regrettable que tant d’entreprises belges soient rachetées par des investisseurs étrangers. Nous devons créer en Belgique un climat qui donne aux jeunes entrepreneurs l’envie de sauter, de sorte que des startups passionnantes soient de plus en plus nombreuses à voir le jour.