Une brasserie participative
Une nouvelle bière chaque semaine
Brussels Beer Project
Bières créatives
Antoine Dansaertstraat 188
1000 Brussel
Difficile d’imaginer qu’au 188 de la rue Antoine Dansaert se cache une brasserie. Pourtant, depuis 2015, c’est bien le cas : Brussels Beer Project y a pris ses quartiers. Comme le signale le “Project” en fin d’intitulé, cette aventure repose avant tout sur un concept. Celui-ci a été imaginé par un tandem qui a découvert la révolution “craft beer” à la faveur d’un Erasmus au Canada.
Avec Brussels Beer Project, Olivier De Brauwere (37 ans) et Sébastien Morvan (37 ans) balayent tous les clichés qui collent à la peau de la bière belge. Biberonnés à la créativité et à l’économie participative, ces deux énergiques trentenaires ont réussi le tour de force d’implanter une brasserie en plein cœur du tissu urbain. Bruxelles leur dit merci.
« On pense que l’ADN de la bière belge, c’est l’exploration gustative »
Cette lame de fond, De Brauwere et Morvan ont rapidement voulu en faire partie. Seul hic, mettre une brasserie sur pied nécessite d’importants capitaux… Afin de réaliser leur rêve, ils ont fait appel à la baguette magique de l’économie participative, sollicitant des crowdfunders via une campagne de soutien. Ça marche ! En peu de temps, le duo rassemble 1 200 contributeurs (aujourd’hui, ils sont 4 400) trop heureux du deal proposé, soit : une obole annuelle de 180 euros en contrepartie de laquelle les contributeurs reçoivent à vie, entre autres avantages, un pack annuel de 12 bières.
« Nous ne mettons pas un point d’honneur à fabriquer les mêmes produits depuis des générations »
Dans le très bel espace de 400 m² à deux pas du Canal (bientôt, un second lieu de production sera inauguré à Anderlecht), 24 tireuses s’alignent impeccablement pour faire jaillir les jus d’orge et de houblon.
Au mur ? Des proclamations de foi. « Hello 21st Century, Goodbye Middle Ages » ou « Leave the Abbey » confirment l’adieu fait à une approche brassicole obsolète. « On pense que l’ADN de la bière belge, c’est l’exploration gustative, pas la répétition mécanique du passé », assure Sébastien Morvan quand il s’agit de défendre le parti-pris de BBP.
Car parti-pris il y a. La gamme en témoigne qui s’appuie sur une démarche basée sur la créativité débridée et sur le goût des matières premières atypiques – fève tonka, pommes Jonagold, pain rassis ou infusion de piment chipotle. « Chaque année, nous créons quelque 50 bières différentes, confirme Olivier De Brauwere. Cela fait presque une nouveauté par semaine. »
Le secret de cette réussite ? Si les facteurs sont multiples, une notion est fondamentale, celle de « co-création ». Morvan d’expliquer : « Toutes nos recettes sont soumises à la communauté qui décide du produit qui verra le jour. Une “bière de la semaine” peut devenir une “bière du mois” qui, si elle plait beaucoup, peut rejoindre la gamme fixe. Mais ce processus va dans les deux sens : de la même façon que de nouvelles bières apparaissent, d’autres disparaissent. Lorsque nos fidèles s’en lassent, on arrête la production, c’est une évolution darwinienne. Au contraire de nombreuses autres brasseries, nous ne mettons pas un point d’honneur à fabriquer les mêmes produits depuis des générations. »
La dernière création en date ? Un Stout Impérial titrant 9,3 % de volume d’alcool. Particularité ? Celui-ci est réalisé par l’un des maîtres brasseurs, David Santos, qui a choisi d’ajouter des pastéis de nata au moût de la bière (200 par hectolitre) à la faveur d’une prouesse technique. Pastéis ? Vous lisez bien, il s’agit effectivement de ces pâtisseries portugaises que l’équipe a eu le flair de dénicher dans l’enseigne bruxelloise la plus réputée en la matière, le Forcado.
Verdict de la dégustation ? Un “sweet stout” tout en rondeur qui fait valoir des notes de pâtes feuilletées, voire de crème pâtissière. Bref, une bière qui se déguste comme un dessert. Succès éphémère ou fortune pérenne ? La communauté le dira.