Bulles belges

Les pionniers de notre viticulture nationale

Comme en Champagne, les ceps sont plantés à un mètre d’intervalle en tous sens. Situées sur une pente et ceinturées par la forêt de Meerdael, les vignes bénéficient d’une espèce de microclimat. La forêt leur offre une protection naturelle contre le vent et le froid. Une telle situation, combinée au sol sablo-limoneux de la région, convient parfaitement pour la culture du Chardonnay.

À un jet de pierre de Louvain, en bordure de la vaste forêt de Meerdael, se trouve une ferme carrée qui, à en croire le propriétaire Paul, a abrité un travail de pionnier. Paul est l’inspirateur et le fondateur du Domaine Chardonnay Meerdael. Il y a vingt-six ans, après une carrière dans l’industrie alimentaire, il a planté vingt mille pieds de vigne avec pour objectif de produire le tout premier vin mousseux de Belgique.

« Nous sommes des pionniers en Belgique et nous avons été les premiers à produire un vin mousseux belge suivant la méthode traditionnelle »

De plus, les plantes peuvent faire une utilisation optimale d’une veine d’eau souterraine. « Cette veine coule jusqu’à la chapelle de Notre-Dame de Steenbergen, où les gens venaient autrefois boire de l’eau aux vertus curatives. Un verre de Meerdael contient donc aussi des vertus curatives », plaisante Paul. Au domaine également, le changement climatique est manifeste. « Les dernières années ont été très sèches, et cela se ressent très fort. Les racines s’enfoncent jusqu’à un mètre de profondeur par an. Les jeunes plants ont dès lors du mal à tenir », précise Laurens, le fils. « Devons-nous miser davantage sur l’expérience, l’efficacité et le rendement, ou sur la lutte contre la maladie et l’approvisionnement en eau ? Ou devons-nous tenir compte de la sécheresse ? Le climat change, et nous savons ce que l’avenir nous réserve », poursuit Paul. Après tout, l’activité viticole est très dépendante du climat. Un temps chaud très tôt dans l’année suivi par un coup de gel ou des températures caniculaires : ce sont autant de facteurs qui nuisent aux raisins et au rendement. 

« Si vous buvez un verre de Meerdael, vous buvez en fait de l’eau curative »

Paul et Laurens travaillent suivant la méthode traditionnelle, comme en Champagne. « Au début, les vignerons français m’appelaient le Fou Blanc. J’avais les cheveux noirs, mais après quelques années à vouloir fabriquer du vin en Belgique, ils vireraient sûrement au gris. Qu’ils disaient. Finalement, tout s’est bien passé », rit Paul. Le Chardonnay Meerdael a survécu et est devenu une institution. Bien que les Français continuent à se montrer sceptiques.

La méthode traditionnelle implique une double fermentation : une première fois dans la cuve, la seconde fois en bouteille. C’est cette dernière qui apporte au vin son pétillant. La bouteille repose à plat pendant neuf mois pour assurer un contact maximal avec la levure. Ensuite, la bouteille et retournée et mise à l’envers. La levure descend et forme un dépôt. Le moment est alors venu de procéder au dégorgement. Le haut de la bouteille est congelé à -20 °C et ouvert. En raison de la pression accumulée, le dépôt est éjecté. Du vin est rajouté dans la bouteille qui est ensuite refermée, cette fois avec un bouchon en liège. Ce processus de dégorgement et de fermeture ne dure que quelques secondes, ce qui permet de maintenir la mousse et les bulles dans la bouteille.

La viticulture belge a manifestement le vent en poupe. Entre-temps, Domaine Chardonnay Meerdael possède quelque soixante mille pieds de vigne, la ferme a été rénovée, le fils a rejoint le père dans l’affaire, et le vin est devenu une valeur sûre dans le monde viticole belge et international. Chaque année, ils produisent entre quarante et soixante mille bouteilles. La qualité de leur vin a été primée à plusieurs reprises dans des concours viticoles aux quatre coins du monde.

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