Micropousses

Un concentré de saveurs et de nutriments au cœur de la ville

Entreprise

URBI Leaf

Produit

Micropousses

Adresse

Rue des Tanneurs 54
1000 Bruxelles

Anne Colonval est la fondatrice du projet bruxellois Urbi Leaf

L’agriculture telle que la pratique Anne Colonval (50 ans), épaulée par son compagnon Vincent Steinmetz (57 ans) s’est inventée verticale, elle se compte en mètres cubes plutôt qu’en mètres carrés. Depuis la rue, on la voit s’épanouir dans trois grandes structures métalliques faisant place à des centaines de barquettes, de dimension 14,2 x 9,4 cm, en PET 100 % recyclable.

Une ferme dans le quartier des Marolles, c’est une plaisanterie ? Pas du tout. URBI Leaf se découvre comme un projet bruxellois tout ce qu’il y a de réaliste, pour peu que l’on se pose la question de comment nourrir les 9,5 milliards d’individus qui peupleront notre planète en 2050. Située au rez-de-chaussée du Palais du Vin, un magnifique bâtiment Art nouveau construit en 1909, « l’exploitation agricole » en question déroute quiconque a en tête une configuration rurale. Ce n’est pas la peine de chercher : nul tracteur, pas de champ et encore moins de basse-cour derrière les deux grandes vitrines cernées par des châssis vert bouteille.

« Mon grand-père était agriculteur. Je pense que c’est de lui que j’ai hérité la passion des végétaux. J’ai d’ailleurs toujours eu la main verte… »

Le blé, véritable or vert. Les plantules poussent sous des lampes LED adaptées à leurs besoins naturels
Plus de 35 espèces de semences différentes sont cultivées dans la ferme urbaine

Quel est ce nouvel or vert qui s’épanouit à la lueur de lampes LED, à basse consommation, dont le spectre lumineux est calibré au plus proche des besoins des semis ? Des micropousses. « Ce sont de petites plantules, dont le stade de croissance se situe entre la graine germée et la plante adulte, au moment où les premières feuilles apparaissent. On peut les cultiver à partir de la plupart des semences de légumes, de plantes aromatiques, de fleurs comestibles, de légumineuses ou de céréales. Le grand public ne connaît en général que la cressonnette, ce qui est bien dommage… », explique la fondatrice du projet.

Des graines de moutarde sont étalées dans une barquette, sur une couche de tourbe humide, avant d’y être tassées
Les semences de chou rouge germent en trois jours à peine

« Un jour, j’ai vu un reportage sur Green Underground, un projet sous-terrain de revitalisation urbaine. L’idée était géniale. Je me suis dit que c’était cela que je voulais faire. »

Pour appuyer son propos, Anne Colonval propose une dégustation. Elle tend une petite tige échevelée. Du pois vert. En bouche, c’est le choc, la madeleine de Proust… cette impression venue en direct de l’enfance, de descendre au potager de grand-mère pour y grignoter un petit pois cru.

Mais d’autres sensations sont au programme, 35 variétés étant ici cultivées. Il y a les notes douces et fruitées du chou-rouge, le piquant de la moutarde wasabi (‘Green Frills’), les nuances de noisette du tournesol, le piquant et le poivré de la roquette…

 

Des pousses d’œillets d’Inde (tagètes) rehaussent les plats d’une touche poivrée
Pousses de chou kale : la concentration de nutriments et de saveurs est jusqu’à 40 x plus intense que celle de la plante adulte

On comprend aisément pourquoi 85 % de la clientèle d’URBI Leaf sont des chefs. « Certains m’ont même demandé d’installer des étagères de production au sein même de leurs restaurants, afin d’être autonome et de rétrécir au maximum la distance entre production et dégustation », commente l’agricultrice urbaine. Parmi ses partenaires fidèles, philosophie de proximité oblige, le projet compte des endroits bruxellois réputés comme Bon Bon, Comme chez soi, San, le Mess, Lola, Toshiro, San Sablon, le Wine Bar des Marolles, Sanzaru, La bonne chère, The Restaurant by Pierre Balthazar ou encore Chicounou, adresse de cuisine levantine que l’on doit à Georges Baghdi Sar.

Il reste que l’ambition d’Anne Colonval est de toucher le plus large public possible. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle a fait le choix de s’exposer en toute transparence à la faveur de “Food for the Future”, un magasin de 70 m², qui a supplanté la cave en parpaings dans laquelle elle a débuté son activité. En plus d’y proposer sa production et des aliments d’autres artisans 2.0 comme elle, l’intéressée entend organiser des formations en agriculture urbaine.

Il est vrai qu’en cumulant avantages nutritionnels – les pousses sont un concentré de saveurs et de nutriments 4 à 40 fois plus riches que leur version adulte – et environnementaux – absence de traitements chimiques, capacité à redonner leur caractère nourricier aux villes dans un contexte où les surfaces cultivables diminuent… –, les micropousses s’affichent comme la nourriture de demain.

L’agriculture urbaine s’exprime non pas en mètres carrés, mais en mètres cubes

Envie d’une délicieuse recette avec des micropousses ?

Une poignée de germes de shiso rouge
Les germes de pois apportent une touche légère aux salades composées